Toujours 203

Ce qu'il y a de bien quand tu aimes la cuisine et les bonnes tables, c’est que tes amis, proches ou moins proches, savent comment te faire plaisir quand arrive la date de ton anniversaire. Du coup, une semaine avant et une semaine après le D-day, toutes les plages 12h30-14h de mon agenda se remplissent avec des lunchs dont je sais qu’ils seront aussi joyeux que délicieux (je ne vais évidemment pas choisir ou recommander un endroit qui ne me plaît qu’à moitié, c’est mon anniv’ tout de même!).

Pour des retrouvailles qui me tenaient à cœur, un bon pote m’annonce tristement qu’il n’y a plus de place à l’endroit où nous avions décidé de nous rendre: le 203.

Tout le monde en a déjà parlé, peut-être même que certains d’entre vous y ont déjà goûté, mais est-ce pour autant qu’on ne doit plus y retourner ou dire que ce qu’on y mange est toujours aussi bon? Non, bien sûr. Et puis ce serait vraiment dommage de priver les autres de cette tentation.

Vous l’avez compris, j’aime l’endroit, et j’ai donc envie d’insister et d’appeler de mon côté. Premier conseil donc lorsqu’on vous dit au téléphone que c’est plein: demandez des places au comptoir.

Des fois, comme ce jour-là, ça marche!

Tu rentres, tu t’installes, tu prends un verre qu’on te recommande. Et c’est parti mon kiki!

Inscrites sur le kraft déroulé le long du mur entre les deux pièces du restaurant, les suggestions du jour. Salivez comme nous :

- Terrine de poulet et feuilles de vignes, noisettes, pickels, mayo (7,5€)

- Pommes Anna, crème aigre, ciboulette, sumac (6,5€)

- Tartare de bœuf maturé, coulis de piquillos, chicon, dukkah (14€)

- Merlu, beurre aux moules, haricots coco, roquette (14€)

- Fromages Saint Octave (6,5€)

- Pomme au four, crème tonka, croustillant (6€)

Pour accompagner Fred arrivé le premier et qui avait déjà succombé à un blanc dont je n’ai pas retenu le pedigree mais qui semblait lui faire du bien, je commande un verre d’Amphibolite. Un Muscadet Sèvre et Marne naturel bien frais (cépage Melon de Bourgogne) qui laisse entrer tout le soleil d’octobre jusqu’au comptoir avec ses touches d’agrume citronnée et légèrement iodé.

Celui-ci ouvrait le champ à merveille aux terrines de poulet, présentées en fine languette de morceaux bien pressés avec les noisettes et habillée de feuilles de vigne. Un savant équilibre de saveurs salées, croquantes et vinaigrées accompagné d’une mayonnaise onctueuse et généreusement servie.

Quand le dernier quignon de pain essuie la dernière trace de mayonnaise, arrivent nos plats. Je crois que c’est aussi à ce moment-là qu’on a conclu qu’un deuxième verre s’imposait. Chacun fait fait fait ce qu’il lui plaît plaît plaît…

L’assiette de Fred est appétissante à souhait. Le bœuf maturé présenté en tartare avec des feuilles de chicon rouge (endive carmine pour nos lecteurs de l’hexagone) et le coulis de piquillos. Ici aussi la balance des saveurs, des épices et des textures est exquise.

La mienne qui arrive juste à la suite ne me fait rien regretter. Le filet de merlu fumant cuit sur peau accompagné de roquette et des haricots ronds et brillants barbotant dans le beurre aux moules sont une promesse qui s’honorera jusqu’à la dernière bouchée. Je garde en tête pour toujours de marier les haricots réconfortant (quels qu’ils soient) avec le poisson poêlé. Comme disait l’oncle Ben, c’est toujouw un succès.

A la commande, on avait fait semblant qu’on n’aurait peut-être plus assez faim pour un dessert. Au moment fatidique de répondre à la douce et gentille serveuse, on n’a pas résisté bien longtemps. D’ailleurs, comment résister quand le chef dresse sous votre nez les desserts des autres tables. On a vu sortir du four les pommes caramélisées étalées sur une grande plaque. Et plus irrésistible encore, on a humé et entendu la feuillantine craquer entre les doigts experts du chef qui les parsemaient sur la crème de tonka.

Comme il faut bien en finir et retourner au turbin, je conclus. Comme d’hab, le géant chef Sud-Africano-Australo-maintenant-Bruxellois Richard Schaffer, nous a ravis, simplement, authentiquement et royalement. Et comme j’étais invité par mon ami Fred pour mon anniv’, je n’ai pas réglé l’addition. Je ne peux donc pas tout vous dire des prix, mais les photos vous donneront tous les indices à cet égard. Encore merci Fred et merci la vie.

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