Méditation de coing au sirop d’automne et à la ricotta
Avec tout ce qui nous retombe dessus en ce moment, le coing semble un maître absolu de la résilience. Il est biscornu, coriace. Coloré et duveteux, moche et magnifique à la fois. Il n’est pas aisé d’en extraire sa saine et savoureuse substance. Tel Yoda, sur nous-mêmes et sur la force il nous en apprend.
Avant que les restos ne referment à nouveau, j’ai eu la chance de luncher avec mon amie Delphine Rémy. Et comme lors de chacun des repas partagés en tête à tête avec elle, on a refait le monde. Plus juste, plus beau, plus lent. Avant de quitter L'Estaminet de la Ferme Nos Pilifs, on était resté sur notre besoin de laisser le temps à ce qui va advenir sans précipitation. Dans le Tao, le wuwei peut être compris comme une éthique comportementale. C’est là un modèle nécessitant, de la part de l’individu qui le pratique, « une attention diffuse non focalisée, non précipitée, non arrêtée et bloquée sur une perception particulière, ce qui risquerait d’anticiper une position et de contrarier le flux d’un processus en cours ».
Comme nous le soufflait Sophie, on peut aussi retrouver ces notions dans le tai chi ou même le yoga, dans la peinture aussi, où l’on fait les choses avec une attention globale, totale, avec une économie de mouvements et une sorte de relâche de l’esprit et du corps en même temps. Personnellement, c’est la cuisine qui me plonge dans cet état, quand je traite chaque aspect du produit, le mieux possible, avec un immense respect pour ce qu’il est, d’où il vient et pour qui l’a élevé.
Avec quelques coings seulement et avec du temps, trois recettes ont germé de ces méditations. Des plats chargés d’énergie à offrir et à partager. Et coing sur le gâteau, ma colère du moment s’est (presque) totalement apaisée. Vous voulez essayer?
Ingrédients pour 6 personnes:
• 3 coings
• 80cl d’eau
• 150gr de sucre de canne
• 2 rubans de zeste de citron non traité
• 1 gousse de vanille
• ricotta (de chez votre fromager de préférence)
(option : vous pouvez remplacer la ricotta par de la panna cotta)
LA RECETTE
Avant de les éplucher, je vous recommande de couper les coings en quartiers. Retirez-en le cœur dur et détaillez les quartiers en tranches pas trop épaisses. Utilisez un bon couteau court et soyez prudent.e lors de ces opérations car le coing est assez coriace.
Pelez 2 beaux rubans de zeste de citron avec un économe.
Versez l’eau dans une casserole et ajoutez-y le sucre de canne. Portez à ébullition et ajoutez-y les zestes de citron et la gousse de vanille que vous fendrez et gratterez. Laissez bouillir jusqu’à ce que le sucre soit complètement dissout.
Plongez-y maintenant vos tranches de coings et couvrez. Laissez cuire à bouillon doux pendant au moins 1h30. Oui, 1h30… de lents et doux murmures sirupeux.
Retirez le couvercle, augmentez le feu pour laisser épaissir le sirop. De temps en temps, remuez très délicatement les tranches de coings pour ne pas les casser.
Ils vont progressivement changer de couleur pour atteindre un somptueux vieux rose et devenir fondant.
Laisser refroidir à température ambiante.
Au moment de servir, en dessert ou en goûter, dans un bol plat ou une assiette, versez un fond de coings avec du sirop. Terminez par une quenelle de ricotta posée par-dessus.
Installez-vous et concentrez-vous lentement, doucement, sur l’intensité parfumée et épicée du coing contrebalancée par la douceur acidulée de la ricotta fraîche.
Ne me remerciez pas ;-) C’est de l’amour, c’est un don. C’est l’automne qui veut ça.